
Interconnexions “Made in Scop” au Forum national de l’ESS
Sur l’écran géant du café de l’Acclameur de Niort, le clip du troisième RDV Made in Scop, succède à l’appel à projets sociaux et environnementaux du trophée Up / Alternatives Economiques lancé quelques semaines auparavant.
“Il va falloir que l’on y candidate, ça serait bien quand même !” un oeil sur l’écran, Alexandre Segura, l’un des fondateurs de la plateforme numérique Coopcycle, termine ses lignes de codes et nous glisse quelques intentions en attendant son tour de parole devant la caméra.
Autour de lui, c’est bientôt toute une petite foule qui prend possession de l’espace café pour ce temps fort du Forum national de l’Economie Sociale et Solidaire, en cette fin de mois d’octobre.
Tous sont venus échanger à l’invitation du réseau des entreprises coopératives et plus particulièrement celles de la communication que nous représentons.
Parmi eux donc, Alexandre Segura, venu depuis Paris nous en dire plus sur cette plateforme de livraison open-source qui commence à faire grand bruit. En phase de démo, elle est vouée à être mise à disposition gratuitement des coopératives de livreurs à vélo pour “lutter contre l’uberisation de la société”. Alexandre nourrit ainsi de grandes ambitions sociétales et entend bien poursuivre son développement en s’appuyant sur un ancrage au niveau des collectivités locales.
Peut-être pourra-t-il compter sur la volonté politique de certaines collectivités territoriales présentes au forum. Celle de Plaine Commune notamment, adhérent du réseau des territoires pour l’économie sociale et représentée par Patrick Vassalo, adjoint au maire de Saint-Denis et toujours curieux de savoir “comment l’ESS s’empare du numérique”.
Mais pour l’heure, entre deux ateliers sur l’innovation sociale à l’échelle des territoires justement, c’est Sébastien Chaillou, le jeune directeur de la Chambre Régionale de l’ESS d’Ile de France, qui résume à notre micro l’un des enjeux majeurs des RDV Made in Scop :
“Trouver des articulations pour développer des outils en commun à partir d’une démarche partagée, et rivaliser ainsi avec les grands acteurs de l’économie traditionnelle”.
C’est en effet l’une des visions que nous partageons et que nous mettons en pratique depuis plusieurs années désormais ; c’est la vocation même de la marque Made in Scop ainsi que de sa plateforme de référencement et de mise en relation des entreprises coopératives. Celles qui opèrent dans les différents secteurs de la communication aujourd’hui, comme, pourquoi pas, celles de tous les autres dans un futur proche.
Des outils de coopération et de développement commun
Car les plateformes numériques, comme les temps de rendez-vous réels, sont autant de possibilités de connecter concrètement les différents acteurs d’un monde en transition.
Ils favorisent les échanges entre des entreprises partageant les mêmes valeurs de solidarité. Ils permettent par exemple à Flavie Giannoccaro, directrice générale de la MUCS d’affiner la démarche RSE de la mutuelle des SCOP en faisant remonter leurs besoins sur les questions de santé, de prévoyance comme sur celles de l’amélioration de la qualité de vie au travail.
Ils expriment également des désirs de produire ensemble de façon plus responsable ; c’est dans ce cas la volonté de Jerôme Houmault, directeur du réseau associatif de services à la personne (l’ADMR) de privilégier des coopérations locales en travaillant avec l’agence de communication aquitaine Bang, partenaire de notre événement sur place.
Ils peuvent aussi se traduire par des coproductions engagées, comme celle que nous présente Cécile Courrèges, membre de l’agence coopérative plurimédia E-graine d’images.
Associée au collectif BKE, membre de notre réseau, ils ont ainsi pu produire le documentaire Dis-leur que j’existe, et sensibiliser l’opinion publique au sort de Naâma Asfari, juriste et militant indépendantiste sahraoui, condamné à 30 ans de prison par le Maroc.
Plus encore, toutes ces connexions se manifestent évidemment dans les ambitions de certains acteurs comme Patrice Paichereau, chargé de développement pour la coopérative SMART de participer à la création d’une réelle alternative aux formes actuelles d’organisation du travail.
C’est le modèle des entreprises partagées que nous présente Patrice, des coopératives d’entrepreneurs permettant aux travailleurs autonomes de mutualiser les gestions comptables, administratives et financières de leurs activités singulières, en étant associés et salariés au sein d’une même entreprise.
Depuis la Belgique, Smart se développent toujours à grand train et revêt une véritable dimension européenne dans sa proposition d’entrepreneuriat collectif.
Et parce que l’union fait la force, sa version française sous statut SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) mutualise désormais quelques uns de ses services avec d’autres coopératives d’activité telles qu’Oxalis, Coopaname ou Grands Ensemble.
Autant d’acteurs engagés se croisent ainsi lors du rendez-vous et méritent une attention particulière. C’est également le cas de Christophe Babin, qui a délaissé le stand d’Enercoop quelques instants pour nous présenter Energie Partagée.
L’association, née du besoin de s’approprier les moyens de la transition énergétique, oeuvre ainsi pour accompagner et développer des projets citoyens de production d’énergies renouvelables. Elle peut compter sur un outil d’investissement citoyen puissant, piloté par Enercoop et la Nef, pour financer les projets, et surtout sur “la volonté des citoyens à reprendre leur destin en main” sourit Christophe.
Bref, les acteurs et les entrepreneurs du changement sont légions. Mais surtout, ils commencent sérieusement à s’organiser et à rassembler leurs énergies pour proposer peu à peu des modèles de production et d’organisation plus solidaires et responsables.
Comptez évidemment sur nous pour relever l’un des challenges coopératifs qui en découle : créer du lien fort à partir d’un tissus de liens disséminés et favoriser les inter-coopérations entre tous les acteurs !